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dimanche, 04 mai 2008

Ganzo ? des mots qui inaugurent

Hier matin en lisant nonchalammment le programme des "ÉTONNANTS VOYAGEURS" pour la fin de semaine prochaine, à Saint-Malo, un nom qui surgit à propos d'un prix de poésie, Robert Ganzo... des textes qui remontent à la gorge, de lourde sensualité... les nuits sous les Tropiques...la Première femme... mots comme sculptures vivantes, polis comme des laves qui gardent brûlure des origines.
Je songe à un maraé marquisien envahi de fougères et de lianes, aux caféiers en fleur du Moronou, à l'irruption brutale et salvatrice des premières tornades qui ferment les saisons sèches.

..Et chante aussi que tu m'es due
comme mes yeux, mes désarrois,
et tes cinq doigts d'ocre aux parois
de la roche où ta voix s'est tue.
Le silence t'a dévêtue
— chemin d'un seul geste frayé —
et mon orgueil émerveillé
tourne autour d'une femme nue.

Première et fauve quiétude
où je bois tes frissons secrets
pour connaître la saveur rude
des océans et des forêts
qui font faite, toi, provisoire,
île de chair, caresse d'aile,
toi, ma compagne, que je mêle
au jour continu de l'ivoire.

Ton torse lentement se cambre
et ton destin s'est accompli.
Tu seras aux veilleuses d'ambre
de notre asile enseveli,
vivante après nos corps épars,
comme une présence enfermée,
quand nous aurons rendu nos parts
de brise, d’onde et de fumée.


Oui, vraiment, la femme Première
lors de mon premier et naïf matin du monde !

Le jour. Regarde. Une colline
répand jusqu'à nous des oiseaux,
des arbres en fleurs et des eaux
dans l'herbe verte qui s'incline.
Toi, femme enfin — chair embrasée
comme moi tendue, arc d'extase,
tu révèles soudain ta grâce
et tes mains saoules de rosée.
Tes yeux appris au paysage
je les apprends en ce matin
immuable à travers les âges
et, sans doute, jamais atteint.
Déjà les mots faits de lumière
se préparent au fond de nous;

et je sépare tes genoux,
tremblant de tendresse première...

Lespugue

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