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mardi, 02 novembre 2021

après avoir vu "Mort à Venise"

En ce jour que les croyants nomment "Jour des morts".

 

Quand de quelques pas
tu t'avances en mer 
recule la mort

Ce n'est pas un adieu

 

pour ancrer nos souvenirs.

Sollicité par Brigitte sa fille, par Jean-Marc et Roger-Pierre ses fils, ces mots comme humble hommage à Roger.
Me faudra-t-il donc évoquer une enfance heureuse malgré les tumultes de la guerre, enfance qui nous lia plus comme des frères que comme des cousins, des adolescences studieuses, souvent autodidactes, une guerre d'Algérie qui nous relia, non dans le silence mais dans des interrogations sur le monde et son évolution, échanges qui se poursuivront jusqu'à ces jours en dépit des relations parfois distendues que créèrent nos métiers si différents mais qui n'empèchèrent point notre intérêt vif pour l'univers marin et les manifestations de l'art.

L'horizon à nouveau obscurci, la rage de la vie contre l'effacement de ce Visage du FRÈRE.

Et la gorge qui se noue parce que monte la mémoire de cette fraternité ensoleillée.
Parfois seuls, les mots peuvent contenir la douleur et la perte.


Je veux tirer de mon modeste sac de voyageur ce que naguère j'appris sur mes chemins d'Afrique.
Les Dogons, par des rites funéraires, brisent les outils du métier qu'exerçait le mort — pour le hausser hors du domaine terrestre, rompant ainsi les dernières attaches du défunt qui, de la qualité de "mort" passe alors au statut d'ANCÊTRE.
Ancêtre qui vient du latin antecessor, celui qui précède, d'abord attesté, non comme  lointain aïeul,  mais comme terme commun  au sens de « éclaireur ».
Les ancêtres comme des éclaireurs !
                                                                          Roger comme notre éclaireur !

Les Dogons ne sont pas loin de nous proposer une amorce de réponse, incertaine certes comme toutes les réponses, 
          qu’elles soient celles des croyants, ici présents, avec la foi et l’espérance en un au-delà, plus juste, 
          qu’elles soient celles des incroyants, présents ici, dans le désespoir et la béatitude de l’épicurien ou du stoïcien, 
           une réponse donc à l’au-delà de cette vie, à notre interrogation sur  l'immortalité .

 Et si c'était de notre ressort à nous, les encore vivants, de continuer nos morts
bien au delà du simple et pieux souvenir ? D’entretenir à travers nos enfants et les
enfants de nos enfants, la force vitale et les vertus qui animaient les actes de Roger.

À nous donc, ses proches par le sang et par l’amitié de façonner le nouveau visage de cet Ancêtre disparu mais vivant.

 René Char, le poète français, rejoignait les Dogons écrivant ceci qui, pour moi, dans l'obscur de la mort de Roger, prend encore davantage sens :

Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence. Qu’en est-il alors ? Nous savons, ou croyons savoir. Mais seulement quand le passé qui signifie s’ouvre pour lui livrer passage. Le voici à notre hauteur, puis loin, devant.

René CHAR

L'éternité à Lourmarin, 
La parole en archipel

Merci,  et la mort s'étonne;

Merci, la Mort n'insiste pas;

Merci, c'est le jour qui s'en va;
Merci simplement à un homme
S'il tient en échec le glas.

René CHAR

Fête des arbres et du chasseur

Les Matinaux

 

Lu, ce lundi 20 septembre, l'avant-dernier jour de l'été,
en l'église de La Plaine-sur-mer.