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mercredi, 16 octobre 2019

en divaguant dans des bouquins sur René CHAR

depuis plus de soixante ans
tentant d'appréhender tant de pans obscurs...
et jamais las

 

Le livre ouvert sur les genoux d'Artine était seulement lisible les jours sombres.

Artine (1930)

Seuls aux fenêtres des fleuves
Les grands visages éclairés
Rêvent qu'il n'y a rien de périssable
Dans leur paysage carnassier

Les conservateurs et les rêveurs
Poèmes militants

cités par Jean-Claude Mathieu dans La Poésie de René Char ou le sel de la splendeur

 

O tué sans entrailles !
Tué par celle qui fut tout et, réconciliée,  se meurt ;
Lui, danseur d'abîme, esprit toujours à naître,
Oiseau et fruit pervers des magies cruellement sauvé

Lascaux
I Homme-oiseau mort et bison mourant
La Paroi et la Prairie

cité par Éric Marty dans René CHAR, Les Contemporains

 

Qui prête au bienveillant les rumeurs de l'hostile ?
À l'irréfléchi, le destin du mutiné ?
L'inhumain ne s'est pas servilement converti
Au comptoir des morts enchantés.

 

Hors de toi, que ma chair devienne la voile
qui répugne au vent.

cités par Paul Veyne dans René Char en ses poèmes

 

Seule des autres pierres, la pierre du torrent a le contour rêveur
du visage enfin rendu.

Le nu perdu

cité par Christine Dupouy dans  René CHAR

 

Hypothétique lecteur
Mon confident désœuvré
Qui a partagé ma panique
Quand la bêche s'est refusée à mordre le lin
Puisse un mirage d'abreuvoirs sur l'atlas des déserts
Aggraver ton désir de prendre congé

Confronts
Poèmes militants

cité par Philippe Castellin dans René Char, Traces

 

Avec mes dents
J'ai pris la vie
Sur le couteau de ma jeunesse.
Avec mes lèvres aujourd'hui,
Avec mes lèvres seulement...

Jeu muet
Dans la pluie giboyeuse

cité par Danièle Leclair dans René Char, Là où brûle la poésie

 

 

Salut à celui qui marche en sûreté, à mes côtés, au terme du poème.
Il passera demain DEBOUT sous le vent.

cité par Georges Mounin
dans La Communication poétique
précédé de
Avez-vous lu Char ?

 

S'il n'y avait qu'un bouquin à lire pour être accompagné dans le poème de René Char...
ce serait ce dernier.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  

                                                                                                                                                                                                                                                       

 

mardi, 08 octobre 2019

une aurore automnale

Vallauris, une fin de septembre, j'ouvre la fenêtre pour aérer une insomnie matinale.
Et là, inattendue, la constellation d'ORION en gloire dans le plein sud  : ma constellation la plus rêveuse depuis les nuits d'adolescence dans l'amitié troublante du "prince aux cheveux de blé".

ORION, celle qui, pour moi, inaugure.

Dans quelques jours, un atelier autour de René Char, aux Chantiers.
Au bout de plus de soixante-cinq ans de fréquentation solitaire avec les mots de cet homme, si j'excepte les quelques lectures que je fis à l'Autre, aux autres, dans le labeur ou le bonheur de ses textes, que serai-je ? Un passant attentif, un auditeur émerveillé, un étudiant studieux, un critique actif, douze jours durant.
Ou fuirai-je dès la fin du premier jour ? ou le jour suivant ?

ORION est là dans l'encadrement d'une fenêtre méditerranéenne et me reviennent les lectures ardues, arides, dans l'obscur d'AROMATES chasseurs.

J'ouvre le livre : un préambule qui nomme deux espaces : le premier espace intime où jouaient notre imagination et nos sentiments; le second, l'espace circulaire du monde concret. Et puis, d'une évidence héraclitéenne chez Char, le surgissement d'un troisième espace en chemin, hors du trajet des deux autres ? Révolution d'Orion resurgi parmi nous. Le premier texte : 

ÉVADÉ D'ARCHIPEL

Orion
Pigmenté d'infini et de soif terrestre,
N'épointant plus sa flèche à la faucille ancienne,
Les traits noircis par le fer calciné,
Le pied toujours prompt, à éviter la faille,
Se plut avec nous
Et resta.

Chuchotement parmi les étoiles.

 

Et Char de proposer pour chacun des sept textes suivants, des épigraphe, curieusement situées à droite de la page, qui figurent comme un parcours rêveur de la planisphère céleste que peut-être fit le poète en rapprochant ou éloignant Orion des constellations qui sont autant de symboles évoquant le mythe grec d'Orion, le grand et beau chasseur, ses liens et ses combats, ses gloires et ses défaites.

Orion au Taureau
Orion à la Licorne
Orion s'éprend de la Polaire
Passage des Gémeaux
Orion traverse à la nage l'Éridan et connaît l'Hydre
Céphée à Orion
Retour d'Orion à la terre des lombes

 

À la charge du lecteur de lier l'épigraphe et le poème !