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lundi, 29 décembre 2014

Va se clore bientôt le temps des septantes

 

Étonnant - mais l'est-ce vraiment ? -  ce choix de quelques-unes de mes images quand "Face de bouc" me  propose de résumer ainsi mon année 2014

 

 La tombée du jour.jpg

Errant aux fins de terre

 

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quand de jours anciens surgit l'Étrangère

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Et que s'offre à l'homme de vent la fleur d'or dans son écrin de feu

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Ne s'oublie pas, compagnon, le poing levé droit

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 Quand s'annoncent les octobres de révolte 

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Et des jours d´amours violentes à en briser les chaînes

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 Passée la frontière à l'infini se multiplie le visage de L'Étrangère

 

 

 

* Sculptures d'Evelyne Galinsky, dessins d'Ernest Pignon-Ernest et d´Émilie Bransac, portrait de Maiakovsky.

mardi, 23 décembre 2014

le mirabellier d'Étienne

 

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Les Dogons érigent, passé le temps des rites funéraires, une poterie-autel pour le mort qui accède ainsi au statut d'ancêtre, l'antecessor, celui qui précède, l'éclaireur. Nous, l'avant-veille de ce solstice d'hiver, avons planté un mirabellier, l'arbre des merveilles, pour Étienne, notre compagnon d'Éducation populaire.

Etienne, l'homme de la douceur et de l’empathie, mais aussi celui du combat et de la force. Plus de trente ans à ouvrir ensemble des chantiers d'écriture et de lecture, accompagnant des adultes et leur proposant nos modestes outils.
Quand le temps fut venu pour moi d'abord, pour lui ensuite, de remiser notre métier et de ranger nos boites à outils, nous avons poursuivi l'entretien.

Vint la fin du printemps 2011. Notre ultime lecture commune fut La traversée des catastrophes de Pierre Zaoui ; sans doute était-elle trop tardive ? La maladie le recouvrait, déjà, nous n'étions plus sur la même rive.

Nous avons maintenu le bavardage.

Le verdict de la mort est un discours sans réponse possible pour le vivant : il vient d'au dehors de la vie sensible et s'y éteint en l'éteignant. Si la vie ne cesse de nous apporter des nouvelles de morts, elle ne nous a pas donné d'oreilles pour les entendre significativement. C'est pourquoi le discours de la mort impose généralement le silence et l'éloignement des vivants du mourant : on ne peut parler de ce qui n'a pas de réfèrent dans l'ordre de la vie, de ce qui ne se partage pas, à moins d'attrister la vie, et encore pour des prunes — la compassion avec les mourants est la plus stupéfiante des escroqueries, comme si l'on pouvait partager ensemble une souffrance que ni l'un ni l'autre n'éprouve en tant que souffrance déterminée, renvoyant à un réfèrent commun ou analogue.

La mort d'autrui exige ceci : ce que l'on ne peut pas dire, il faut malgré tout parvenir à le parler. Mais alors parler pour dire quoi, si l'on ne peut pas dire la mort ? Parler d'autre chose ? Parler pour ne rien dire et pour passer le temps ? Bavarder ? D'abord oui, évidemment oui...

                                                                                Pierre Zaoui.

Trois ans plus tard.
L'avant veille de ce solstice d'hiver, Alain et Didier ont creusé et planté ; je n'ai fait qu'arroser abondamment le Mirabellier.

 

à Marie, sa compagne,
à l'autre Marie
,
aux Compagnons.

15:35 Publié dans Les graves | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 18 décembre 2014

en cette mi-décembre trop sombre

 

un après-midi brumeux, comme ce jourd'hui, un de ces jours comme abandonnés, j’avais parcouru lentement le Musée, guettant l’émotion qui allait sourdre ou non, l’œil paresseux...



Et puis, il y eut Cassandre*,

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cette blancheur nue
brisée dans le sang d’une guerre à peine achevée et dont le massacre se poursuit encore...

Visage haussé vers le ciel noir, pour l’ultime prière au dieu, à n’importe quel dieu !

La flamme qui brûle sur l’autel, pensée d’une foi moribonde ?
Dans les plis du vêtement jeté, ensanglanté
de violence et de feu,  sur l’angle d’une stèle, se devine
un harnachement d’homme de guerre...

Comme image de ma mort à-venir, cette longue, belle et froide nudité.






*Au Musée des Beaux-Arts de Nantes, tableau de Jérôme-Martin Langlois, 1779-1838.